La gestion de l’angle palmaire négatif selon Jason Thouvenot

On entend parfois parler d’un angle palmaire négatif quand il est question d’un problème de sabot. Est-ce grave, comment peut-on le traiter ? Jason Thouvenot, maréchal-ferrant établi à Troyes, a accepté de répondre aux questions d’Ekico à ce sujet.

À quoi correspond un angle palmaire négatif ?

On parle d’angle palmaire négatif lorsque la pointe de P3 (la troisième phalange), qui se trouve dans la boîte cornée du sabot, bascule vers le haut. On emploie le terme palmaire quand le phénomène touche les antérieurs et plantaire lorsque l’on fait référence aux postérieurs. En temps normal – on parle alors d’angle palmaire positif –, cet os pointe légèrement vers le bas. Il existe également une variante où l’os forme une parallèle avec le sol, ce qui engendre une mauvaise position et donc des risques pour la santé de l’animal.

Un angle palmaire négatif est souvent associé à des talons fuyants et à des pieds plats. Ce positionnement de P3 peut entraîner des tensions musculaires et tendineuses, des problèmes biomécaniques et articulaires, des boiteries, et même aboutir jusqu’à un syndrome naviculaire.

Ekico : Dans le cadre de votre pratique, vous arrive-t-il de prendre en charge des chevaux à angle palmaire/plantaire négatif ?

Jason Thouvenot : Oui, il m’arrive d’avoir des chevaux présentant de tels cas. Pour gérer ces derniers, il faut un travail d’équipe entre vétérinaire et maréchal-ferrant. Un suivi radiographique lors des ferrures est nécessaire afin d’avoir des mesures précises et pouvoir en observer l’évolution. Notre objectif est de réussir à obtenir un angle palmaire/plantaire normal ou au moins s’en rapprocher le plus possible.

Ekico : Comment traitez-vous ces cas ?

Jason Thouvenot : J’évalue dans un premier temps l’angle de la troisième phalange. J’établis ensuite un plan de parage qui consiste généralement à parer le cheval en pince tout en préservant les talons. Suite à ça, il est possible d’avoir recours à des plaques compensées afin d’obtenir l’angle palmaire/plantaire souhaité. Sur mon fer, j’applique un rolling assez prononcé pour limiter les bras de levier et ainsi favoriser le départ du pied. Au fil des ferrures, je peux progressivement réduire les plaques compensées suivant l’angle de la troisième phalange puis finir par les retirer totalement.

Ekico : Quelles sont les difficultés de gérer un cheval avec ce type de problème ?

Jason Thouvenot : Les paramètres sont nombreux et le maréchal n’a pas toujours toutes les cartes en main dès le début. Nous pouvons rappeler, entre autres, que : - chaque cheval peut réagir différemment à la ferrure, - il faut trouver la cause de cet angle palmaire, car traiter le symptôme sans éliminer la cause sera vain, - certains chevaux ne supportent pas le soutien furcal des plaques compensées, - sans suivi radiographique, il est compliqué d’avancer à l’aveugle, même si nous avons quelques repères, - il faut détecter ce problème rapidement avant d’avoir des lésions, - il est possible d’avoir des lésions à gérer en même temps, par exemple une déchirure des ligaments collatéraux.

Ekico : Quand considérez-vous que l'angle palmaire/plantaire est normal ?

Jason Thouvenot : Un angle palmaire/plantaire "normal" a un angle légèrement positif, entre 2° et 6°.

Ekico : Comment établissez-vous un plan de parage ?

Jason Thouvenot : Généralement, un cheval avec un angle palmaire négatif se retrouve avec des pieds aux talons fuyants et avec une pince longue. Le but va être de réaligner la colonne osseuse en raccourcissant en pince et, petit à petit, pouvoir ramener les talons à leur place. Un parage régulier est vraiment important afin d’être efficace le plus rapidement possible ! Le mieux est d’avoir des clichés radiographiques afin de pouvoir agir le plus précisément possible car, parfois, l’extérieur du pied n’est pas en accord avec l’intérieur…

Ekico : Connaissez-vous des exemples de causes d'un angle palmaire négatif ?

Jason Thouvenot : Elles peuvent être multiples et notamment venir de : - un mauvais plan de parage, - un mauvais ferrage, - un temps trop long entre ferrage et parage, - une atrophie du coussinet digital, - une douleur en partie caudale du pied. Le vétérinaire trouvera probablement d’autres causes, il est très important dans ce cas de pouvoir lier les compétences des deux métiers.

Plus d’infos :

Jason Thouvenot, maréchal-ferrant.  https://www.facebook.com/Thouvenotorthofer/

Ekico, partenaire du suivi de la santé du cheval.

https://ekico.fr/

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