Chaque année, la semaine du 13 au 19 octobre est dédiée aux techniciens vétérinaires, une profession parfois peu connue mais essentielle au bon fonctionnement des cliniques vétérinaires. Ces professionnels jouent un rôle crucial dans les soins aux animaux, travaillant main dans la main avec les vétérinaires pour garantir la santé et le bien-être de nos compagnons à quatre pattes. Pour rendre hommage à cette profession, nous avons rencontré Melissa Shea, technicienne vétérinaire à l’Emerson Animal Hospital aux États-Unis (New Jersey).
Elle nous partage sa passion ainsi que les réalités de son quotidien !
Qu'est-ce qu'un technicien vétérinaire ?
Dans une clinique comme l’Emerson Animal Hospital, où travaillent huit techniciens et trois vétérinaires, les techniciens vétérinaires sont les assistants de confiance des vétérinaires. Ils fournissent des soins de base aux animaux, assistent lors des procédures chirurgicales, effectuent des examens de routine, proposent des soins dentaires et surveillent la santé globale des patients.
Bien qu’ils travaillent souvent dans l’ombre, les techniciens vétérinaires sont au cœur des soins animaliers. Ils établissent un lien particulier avec les animaux et leurs propriétaires, garantissant leur bien-être tant lors des périodes de santé que lors des périodes de maladie.
La principale motivation pour devenir technicien vétérinaire est, sans aucun doute, l’amour des animaux. Comme le souligne notre interviewée :
« Je pense que la principale raison pour laquelle les techniciens vétérinaires choisissent cette carrière est qu’ils aiment les animaux et souhaitent améliorer leur vie en maintenant un bon mode de vie sain et en les aidant lorsqu’ils sont malades.
L’aspect le plus gratifiant du travail, honnêtement, est de voir le bonheur d’un propriétaire lorsqu’il retrouve un animal qui a été blessé ou malade et qui est à nouveau en bonne santé. C’est incroyable le lien que nous formons avec les animaux. Ils nous donnent tellement d’amour, et nous les considérons (pour la plupart des gens) comme de véritables membres de la famille. »
Une profession gratifiante mais exigeante
Malgré la passion pour les animaux, cette profession est loin d’être facile et peut affecter la santé physique et mentale de ces professionnels dévoués, comme le partage Melissa :
« Je pense à deux grands défis liés au métier de technicien vétérinaire.
Le premier est les situations où vous donnez tout pour sauver un animal, mais pour une raison ou une autre, que ce soit parce que l’animal ne peut pas surmonter physiquement la maladie ou parce que les propriétaires n’ont pas les moyens de payer le traitement, l’animal meurt de sa maladie.
« Le deuxième défi concerne la façon dont nous sommes parfois perçus par les clients et les personnes extérieures. Nous donnons tout pour aider autant d’animaux que possible : nous sautons le déjeuner, restons tard, et travaillons parfois même pendant nos pauses pour aider un client ou un animal. Certains clients, lorsqu’ils sont émotifs à propos de leur animal, peuvent devenir agressifs envers nous, ce qui conduit souvent à des insultes ou des cris, même si nous faisons de notre mieux dans chaque situation. »
Face à ce stress et à ces défis, certains techniciens vétérinaires finissent par quitter la profession. Nous avons demandé à Melissa quelles sont, selon elle, les principales raisons qui poussent quelqu’un à abandonner cette carrière passionnante. Voici sa réponse :
« Trois raisons principales me viennent à l’esprit : l’épuisement professionnel, un salaire trop bas, et un environnement de travail toxique.
La médecine vétérinaire est un domaine physiquement et émotionnellement éprouvant. Non seulement vous devez physiquement maîtriser les animaux, mais vous passez généralement toute la journée debout, à courir partout pendant de longues heures—parfois en travaillant même pendant les pauses et en vous retenant d’aller aux toilettes la moitié du temps. Sur le plan émotionnel, vous devez gérer chaque animal et chaque client que vous rencontrez, et la plupart du temps, vous nouez des liens avec les animaux, voire avec les clients, ce qui vous engage émotionnellement dans de nombreux cas. Cela affecte gravement votre santé mentale et physique, et parfois même les personnes les plus fortes n’arrivent pas à surmonter cela.
Ensuite, le salaire que nous recevons est souvent bien inférieur à ce que je pense que nous devrions recevoir pour tout le travail que nous fournissons dans ce domaine. La plupart des techniciens que je connais ici, aux Etat-Unis, doivent avoir deux ou trois emplois et des projets en parallèle juste pour s’en sortir. Cela, combiné à l’épuisement professionnel, rend très difficile pour la plupart des gens de rester longtemps dans ce domaine.
Enfin, il y a les environnements de travail toxiques. Je comprends que tous les lieux de travail ont leurs bons et mauvais côtés, mais il semble qu’à cause du niveau élevé de stress, il y ait beaucoup de problèmes de manque de soutien entre collègues et de comportements désagréables. Je veux dire, nous n’avons pas tous besoin d’être amis, mais nous devrions tous être là pour la même raison : nous devrions être là pour les animaux, et nous devrions bien travailler ensemble pour leur offrir les meilleurs soins possibles. »
Pour éviter les déceptions, je pense que les candidats à la profession de technicien vétérinaire devraient garder à l’esprit deux points essentiels :
Premièrement, assurez-vous de bien faire vos recherches et d’être physiquement et émotionnellement prêts à vous lancer dans ce domaine — ce n’est pas seulement caresser et câliner des animaux toute la journée.
Deuxièmement, trouvez une bonne clinique qui vous soutient, avec laquelle vous travaillez bien et qui valorise ses techniciens pour le travail acharné qu’ils fournissent, en particulier une qui prend soin de votre santé mentale et physique.”
Comment améliorer la vie des techniciens vétérinaires ?
La compassion et la compréhension de la part des clients peuvent faire toute la différence. Pour les techniciens vétérinaires, être reconnus pour leur travail et soutenus par leur équipe et leurs clients serait une véritable source de motivation pour continuer dans cette profession exigeante mais gratifiante, comme l’explique notre interviewée :
« Je sais que s’occuper d’un animal malade est émotionnellement stressant pour tout le monde, mais j’aimerais que les clients puissent voir tout ce que nous faisons pour leurs animaux et comprendre pourquoi nous devons parfois les orienter vers une clinique d’urgence au lieu de les prendre en charge nous-mêmes.
Je reconnais aussi que les contraintes financières sont un problème pour beaucoup, mais j’aimerais que les clients sachent que nous ne sommes PAS dans ce métier pour l’argent.
Les factures vétérinaires ne vont pas dans nos poches ! Alors, quand les clients nous crient dessus, remettent en question nos décisions et nous accusent de ne le faire que pour le profit, cela fait vraiment mal. Un peu de compassion de la part de chacun rendrait ce métier tellement meilleur. » — Melissa Shea
