Le progrès technologique s’invite désormais dans bien des domaines y compris la médecine vétérinaire et la santé des animaux au sens large. Les bénéfices de ces outils connectés sont ainsi exploités jusque dans le suivi du cheval sportif, de ses performances et de son bien-être.
C’est, par exemple, le cas de Vladimir Bouša, maréchal-ferrant ayant fait partie de l’équipe du cavalier de concours complet tchèque Miroslav Trunda lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, et qui utilise le logiciel Metron Hoof pour préparer au mieux les pieds des chevaux athlètes dont il assure le suivi et la ferrure.
La polyvalence au service du cheval athlète
Pour préparer ces Jeux lors de leur édition tricolore, la jument Shuterflyke s’est entourée d’une équipe polyvalente aux multiples compétences. Son cavalier, Miroslav Trunda, dispose en effet d’une double casquette puisqu’il est également vétérinaire. En partenariat avec Vladimir, la jument était donc entre de bonnes mains pour sa préparation sportive.
Le volet maréchalerie a été pensé pour assurer à la fois le bien-être et la sécurité du cheval de sport : « Nous avons évalué le type de surface de la piste et nous avons également réfléchi à l’utilisation de fers en acier ou en aluminium. Le choix s’est porté sur une ferrure en acier avec laquelle Shuterflyke a réussi sa deuxième participation olympique », a déclaré le maréchal-ferrant tchèque.
Une préparation olympique requiert effectivement des mois et des années de travail pour chaque membre gravitant autour du couple cheval-cavalier.
Un travail collaboratif qui prend en compte le point de vue de chaque acteur (vétérinaire, ostéopathe, maréchal-ferrant, etc.) pour assurer la meilleure préparation sportive possible.
Vladimir apprécie focaliser son travail de maréchal-ferrant sur les chevaux de concours complet, sa discipline préférée. Il a indiqué : « Mon travail doit être fait à 100 %, quelle que soit la performance du cheval. Il ne s’agit pas seulement d’un ferrage, mais aussi d’une préparation et le maréchal-ferrant doit se concentrer sur le meilleur résultat de son travail. Il ne doit pas être distrait ou influencé par le type de cheval avec lequel il travaille. »
Communiquer pour performer
Miroslav Trunda avait trois chevaux en préparation pour les Jeux de Paris 2024. Vladimir a souligné l’importance fondamentale de bien communiquer et de savoir trouver un terrain d’entente en cas d’avis divergents puisque la priorité dans une telle préparation reste le bien-être du cheval sportif : « Je collabore avec de nombreux vétérinaires, mais c’est avec Miroslav Trunda que je suis le plus proche et avec qui je travaille depuis de nombreuses années. Il s’occupe lui-même de ses chevaux et je m’y rends chaque semaine. Parfois plus souvent. » Un travail de longue haleine nécessaire à la prise en charge personnalisée de chaque cheval du cavalier tchèque. Le fait que Miroslav Trunda soit à la fois cavalier et vétérinaire est un atout selon le maréchal-ferrant et permet de résoudre rapidement un problème orthopédique.
L’intervalle entre les ferrures est également ajusté selon la saison de compétition, tout en veillant à ne pas ferrer le cheval juste avant un concours. Néanmoins, Vladimir indique que dès lors que le cas se produit et qu’il n’y a pas d’autre choix que de ferrer le cheval peu avant une compétition, il n’y a pas le droit à l’erreur. Cela souligne l’importance à la fois d’une bonne préparation en amont mais aussi d’une communication entre toutes les personnes entourant le cheval sportif. Bien connaître un cheval et ses particularités, aussi bien sportives, comportementales et physiques, permet de réagir rapidement et correctement en cas de problème.
Ce maréchal-ferrant a d’ailleurs précisé l’importance des observations et mesures à réaliser pour un suivi optimal des chevaux dont il a la charge, notamment lors des saisons de compétition : « Il faut percevoir les mouvements du cheval et essayer de les améliorer en ajustant les sabots et le ferrage, ce qui est très important en concours complet car on teste le cheval dans des conditions et des capacités absolument différentes au sein d’une même discipline. »
Le logiciel Metron Hoof pour préparer le cheval sportif
Dans le cadre de la préparation olympique des chevaux du Dr Trunda, Vladimir a fait appel au logiciel Metron Hoof. Il s’agit d’un outil permettant un suivi orthopédique des chevaux en toute autonomie que ce soit pour la ferrure, pour faire un état des lieux ou encore pour travailler avec le vétérinaire dans un angle orthopédique. En plus des mesures et analyses, une base de données de photos peut aussi être constituée.
Dans le cadre de l’usage de ce logiciel dans son travail, le maréchal-ferrant a ainsi déclaré : « Le Metron est utile pour vérifier le travail à la fois du maréchal-ferrant et du vétérinaire. Je l’utilise souvent avec des radiographies pour mieux orienter les prochains ajustements. Grâce au logiciel et à la tablette, j’ai toujours les photos avec moi et je peux les utiliser et vérifier mon propre travail à tout moment. Il est également possible de comparer les photos des sabots et les radiographies. C’est un outil vraiment utile pour travailler avec des chevaux de haut niveau. Avec le logiciel Metron, on ressent un certain contrôle, on sait qu’on n’a rien oublié. »
Maréchal-ferrant et vétérinaire peuvent ainsi collaborer en utilisant un seul et même outil : les radiographies sont ainsi exploitées avec les mesures permises par ce logiciel. La technologie devient donc progressivement un allié de tous les membres de l’équipe de préparation du cheval sportif à la fois pour ses performances et pour son bien-être. Vladimir a d’ailleurs indiqué que le maréchal-ferrant doit évoluer avec la ferrure mais aussi « apprendre à suivre le mouvement du cheval, ses foulées, la croissance des sabots et accorder la ferrure au sol sur lequel le cheval va concourir. »
Dans un monde où la précision se veut de plus en plus fine et où le bien-être du cheval est au premier plan, les outils connectés apparaissent comme un bon moyen pour parvenir à conjuguer performances sportives de haut niveau, bonne santé et bien-être.
Atteindre le plus haut niveau : conseils aux jeunes maréchaux
Métier de cœur, la maréchalerie attire ceux qui nourrissent une véritable passion pour le cheval, l’équitation, le sport, et l’orthopédie. Que ce soit depuis l’enfance, en tant que cavalier ou éleveur amateur, ou à travers une reconversion professionnelle, beaucoup trouvent dans la maréchalerie une pratique aussi technique que valorisante.
Vladimir Bousa, maréchal-ferrant aux JO de Paris 2024, partage ses conseils aux jeunes maréchaux qui rêvent d’exercer leur savoir-faire jusqu’au plus haut niveau :
"Pour atteindre un haut niveau, il faut travailler dur chaque jour, du crépuscule à l’aube. Le travail ne devrait pas seulement viser à gagner de l’argent, mais aussi à apprendre. Les sacrifices sont nombreux. Une famille compréhensive, qui vous soutient et est fière de vos accomplissements, est essentielle pour réussir. Il faut ferrer des milliers de chevaux avant de pouvoir approcher les meilleurs.
Sans un travail concluant dans le passé, vous n’auriez pas la chance d’arriver à ces chevaux. Vous devez continuer d’apprendre et d’étudier, car le métier de maréchal-ferrant évolue constamment, et le maréchal doit évoluer avec lui. L’école vous donne seulement les bases sur lesquelles il faut vous construire. Chaque cheval ferré est une expérience et une avancée dans votre métier."