Vocation, remise en question, solidité physique et mentale… Les métiers liés aux soins des animaux mélangent souvent passion et endurance face aux réalités sur le terrain.
Nous avons interrogé Pierre Martinuzzi, maréchal-ferrant d’expérience et patron de Maréchalerie Martinuzzi pour découvrir, selon lui, pourquoi se vouer à ce métier ?
Quels plaisirs et inconvénients y trouver ? Et si c’était à refaire, quels conseils donnerait-il?
Réponses ci-dessous !
De rêve d’enfant à maréchal-ferrant
Ekico : Comment est née ta vocation pour la maréchalerie ?
Pierre Martinuzzi : “Lorsque j’étais enfant, je faisais de l’équitation.
J’ai eu la chance d’observer le maréchal-ferrant. Lorsqu’il venait à l’écurie, j’avais la passion du cheval.
Par la suite, je me suis intéressé à la forge. J’ai voulu concilier ma passion et l’équitation. Le métier de maréchal-ferrant était pour moi une évidence.”
Collaboration et transmission
Ekico : Qu'est ce qui te procure le plus de satisfaction dans ce métier ?
Pierre Martinuzzi : “C’est de pouvoir aider les chevaux dans leur quotidien, quelle que soit leur discipline et leur utilisation. J’aime également aider les propriétaires dans la gestion de leur cheval.
Les interactions avec les vétérinaires et les différents acteurs autour du cheval sont passionnantes. J’apprécie de me remettre perpétuellement en question pour m’améliorer tous les jours. Chaque cheval est différent.
Je reste également en veille sur les nouveaux outils numériques qui offrent la possibilité d’acquérir encore plus d’expérience et de compétences.
La transmission de notre savoir est aussi une valeur importante pour moi et je forme régulièrement des apprentis.”
Martinuzzi Maréchalerie est notamment en charge du suivi de chevaux de sport de très haut niveau. Ces suivis sont régulièrement conduits en association avec des vétérinaires équins pour établir les meilleures stratégies de ferrure.
Le recours aux radiographies des pieds lors des referrages permet de mettre en évidence des déséquilibres, difficilement observables à la lecture de la boîte cornée seule et d’agir avant l’apparition manifeste de troubles locomoteurs.
L’adaptation précise de la ferrure de sport, la gestion des pathologies orthopédiques (rétroversion de P3, seimes etc) peuvent être réalisées sous contrôle vétérinaire dans les cas qui le nécessitent.
Retrouvez ci-dessous des exemples dans nos précédents articles de blog !
La collaboration vétérinaire équin et maréchal-ferrant
Ce n’est pas une surprise, locomotion du cheval et bonne santé des sabots sont étroitement
Rétroversion de P3 et seimes avec Pierre Martinuzzi
Spécialisé dans le suivi du cheval de sport – notamment de dressage –, Pierre Martinuzzi
Pierre compte dans son équipe 2 apprentis se formant aux écoles de maréchalerie de Saint Hilaire du Harcouët et de Laval. Il met à disposition de ses apprenants son savoir mais également les outils qu’il teste, et ceux qu’il intègre dans sa pratique professionnelle.
Exemple avec le logiciel Metron-Hoof
Relation client, conditions de travail…la nécessité de savoir composer
Ekico : Au contraire, quels sont les points les plus difficiles auxquels il faut faire face en tant que maréchal ?
Pierre Martinuzzi : “A mon avis, la gestion des propriétaires. Aussi bien émotionnellement qu’au niveau des paiements des factures. Je suis passionné par mon métier de maréchal-ferrant mais en tant que patron de mon activité, d’autres tâches éloignées de la maréchalerie s’ajoutent. La gestion comptable par exemple, la relance des impayés etc courir après les clients pour être payé du travail effectué peut être fatiguant.
Si la remise en question perpétuelle de ses connaissances est un point que j’adore dans ma profession, c’est aussi un point qui parfois cause du stress et met en doute. Il faut trouver un juste milieu entre se questionner régulièrement pour continuer à s’améliorer et ne pas perdre confiance en ses capacités.
Un autre point qu’il faut avoir en tête est que ce métier est dur et exigeant. Physiquement il faut pouvoir durer dans le temps. L’entretien de son physique est important.
Les conditions de travail peuvent aussi ne pas être optimum à certains endroits, que ce soit à cause des aléas de la météo mais aussi des aires de ferrage qui ne sont pas adaptées."
Paroles de maréchal expérimenté
Ekico : Quels sont tes conseils pour les jeunes qui souhaitent embrasser une carrière de maréchal-ferrant ?
Pierre Martinuzzi : “Je dirais que pour faire ce métier, il faut être passionné, aimer discuter et apprendre.
Il faut avant tout aimer le cheval, avoir évolué avec lui dans différentes situations. Je parle aussi bien des chevaux de loisirs, que des chevaux de sport et autres.
Soyez très observateur et à l’écoute. Une qualité indispensable est de savoir se remettre en question à chaque instant.
Ayez cette obsession de toujours être dans l'amélioration du confort du cheval et gardez à l’esprit qu’il ne faudra pas compter ses heures.
Pour finir, prenez le temps de vous former et d’acquérir un maximum d’expérience avec vos patrons. Toutes ces connaissances emmagasinées vous permettront d’affronter les différentes situations et problèmes que vous allez rencontrer.
Allez chercher d’autres expériences et techniques chez des maréchaux expérimentés. Cela permet selon moi d’être bien armé pour ensuite s’installer sereinement.”