Maréchaux augmentés

Accroître ses capacités de communication, augmenter ses compétences d’observation, se réapproprier certains aspects de son métier…Des formations à destination des maréchaux-ferrants diplômés et expérimentés sont proposées afin d’élargir les connaissances techniques, scientifiques ainsi que les capacités d’argumentation des professionnels de la maréchalerie.

Découverte de l’un de ces cursus proposés, au travers du témoignage de Marc Herrouin, maréchal-ferrant.

Maréchal-ferrant une profession en formation continue

Congrès, workshops, concours de maréchalerie…les occasions d’approfondir ses connaissances ne manquent pas pour les maréchaux. De la fin de leur apprentissage et tout au long de leur carrière professionnelle.

Que ce soit pour se spécialiser sur la gestion de pathologies orthopédiques précises (syndrôme naviculaire, fourbure, maladie de la ligne blanche…), acquérir des notions complémentaires (en radiographie, phlébographie, approche holistique…) ou encore se maintenir à jour sur les fers et les outils à disposition.

Se former est un bon moyen pour perfectionner ses acquis, étayer sa gamme de solutions à disposition et ne pas se faire dépasser par les nouveautés (nouvelles tendances, nouvelles attentes du marché…) Exemple à suivre de l’un de ces nouveaux contenus pédagogiques à destination des pros de la maréchalerie.

La formation BSI

Co-développée entre maréchaux-ferrants (Alejandro Moscoso, compagnon du devoir / Pierre Paris, responsable de l’institut de la maréchalerie) et vétérinaire (Dr Sébastien Caure, CHVE du Livet), cette formation est proposée sous format hybride (présentielle + distancielle).
5 séances en distanciel ont lieu (les mercredis soir de 21h à 23h). 2 jours sont dédiés au présentiel au Centre Hospitalier Vétérinaire Equin de Livet (CHVE de Livet).

Cette formation comporte 3 principaux axes, comme indiqué par son sigle BSI :

B comme Biomécanique du cheval. Un apprentissage largement complété par l’étude de travaux de recherches.
Les professionnels de la maréchalerie intègrent ainsi des connaissances solides, reconnues par la sphère scientifique vétérinaire.

S comme Sémiologie. La sémiologie correspond à l’étude des symptômes et des signes cliniques. Elle se traduit en pratique sur le terrain par l’observation des chevaux, leur palpation, afin d’apprendre à reconnaître certains signes classiques de gêne ou de douleur. Ses appréciations s’effectuent en statique comme en dynamique.

I come Imagerie. Ce volet aborde comment bien analyser les vidéos et les photos. Par exemple pour mettre en évidence les effets d’une ferrure sur la locomotion. Cette partie est également complétée par de l’imagerie vétérinaire (IRM, veinographie, radiographie).

Dans ce cursus, les maréchaux-ferrants apprennent principalement à avoir une approche globale des chevaux en s’appuyant sur fond de recherches scientifiques. Exit les notions habituelles traditionnellement abordées dans les contenus pour maréchaux, comme en témoigne Marc Herrouin, maréchal-ferrant participant à la 3ème session de cette formation.

“Cet enseignement n’est pas du tout un workshop. On n’y parle pas de fers, de plaques, de forge. En tant que maréchal, nous n’avons pas l’habitude d’aborder les notions transmises par la formation BSI.

On apprend ou réapprend pendant ces quelques mois à observer le cheval dans sa globalité, à mieux détecter les boiteries discrètes. En école de maréchalerie nous n'apprenons pas ce type de démarche, d’analyse, de connaissances d’après mon expérience.

Dans notre quotidien, il est habituel pour les maréchaux d’observer les chevaux, de les palper. Mais nous nous concentrons quasi exclusivement sur la partie basse des membres. Or le cheval est un ensemble, qui met en place des phénomènes compensatoires. Certaines observations sont le résultat d’un autre problème situé ailleurs qu’au niveau des pieds.

Je trouve qu’en tant que professionnels, nous ne prenons pas suffisamment en compte le fonctionnement général de l’animal. Nous avons beaucoup d’informations à gagner en observant également les parties hautes du corps des chevaux.

Dans notre quotidien, nous sommes habitués à regarder les chevaux que ce soit en statique ou même en dynamique. Parfois avec le vétérinaire s’il est présent, ou le propriétaire. Dans ces cas précis, je peux rencontrer des difficultés (et nombre de mes confrères) à argumenter mes observations propres en tant que maréchal-ferrant.

Grâce à nos études, à notre expérience nous avons d’importantes informations en notre possession que nous ne savons pas toujours transmettre, ou qui ne sont pas toujours reconnues, valorisées.

Parfois, nous ne parvenons pas à faire comprendre les solutions que nous voulons mettre en place et ce que nous allons faire sur le plan de la maréchalerie. Cette difficulté dans la communication joue souvent en défaveur des maréchaux, particulièrement si nous devons expliquer en présence d’un vétérinaire. De par nos études, nous sommes parfois insuffisamment pris en considération. Il me semble pourtant important de prendre en compte que les maréchaux se forment durant 5 années sur l’anatomie équine en général, la biomécanique du cheval, la gestion des pieds et de leurs problèmes.

Bien entendu, la forge est un incontournable et représente la base de notre métier. Mais je pense que nous avons à gagner à nous ouvrir, à améliorer notre communication, pour revaloriser nos savoir-faire face aux nouvelles tendances (barefoots, pieds nus) et crédibiliser nos connaissances auprès du monde vétérinaire.

Selon moi, l’un des points forts de la formation BSI est de nous apprendre à savoir argumenter nos observations en tant que maréchaux-ferrants. En nous appuyant sur des données scientifiques, sur la lecture globale de l’animal et de rendre plus solide notre discours avec les vétérinaires et propriétaires.”

Etudes supérieures sur la locomotion équine à destination des maréchaux

Outre manche aussi les maréchaux se scientifisent ! Exemple avec le diplôme d’études supérieures en recherche appliquée sur la locomotion équine proposé par l’école vétérinaire RVC (Royal Veterinary College).

Cet enseignement offre aux maréchaux-ferrants professionnels les compétences nécessaires pour produire et participer aux recherches scientifiques dans le domaine de l’orthopédie équine.

Les participants développent leur connaissance en locomotion équine directement liées au domaine de la maréchalerie.

La spécificité de cette formation est de permettre aux maréchaux de développer leurs compétences scientifiques et académiques pour produire leur propre projet de recherche en maréchalerie.

Partager :

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

À la une

Articles Similaires

Cas clinique : Angle palmaire négatif

Le métier de maréchal-ferrant par Pierre Martinuzzi

Vocation, remise en question, solidité physique et mentale… Les métiers liés aux soins des animaux mélangent souvent passion et endurance face aux réalités sur le terrain. Nous avons interrogé Pierre

Lire plus »
Témoignages

Armée & cheval, un attachement particulier

Le cheval a eu une place déterminante dans les conflits armés jusqu’à la Grande Guerre de 14-18. À partir de la seconde guerre mondiale, seules quelques nations comptaient encore des

Lire plus »
Cas clinique : Aplombs

Prévenir plutôt que guérir en maréchalerie

Tour d’horizon sur l’intérêt de la documentation et des assurances en maréchalerie. Parmi nos utilisateurs maréchaux équipés des technologies de suivi du cheval, la possibilité de pouvoir échanger sur la

Lire plus »