La visite d’achat, le regard du maréchal-ferrant

Une visite vétérinaire d’achat est complète et rigoureuse : de la pointe des oreilles au bout de la queue, tout est minutieusement étudié ! C’est au vétérinaire qu’incombe cet examen, étape incontournable afin de mettre un maximum de chance de son côté pour évaluer l’état de santé de tout nouvel équidé.

Une visite parfaite... à quelques détails près

www.almarechalferrant.com

Alexandre Legrand est maréchal-ferrant dans le nord de la France. Il a débuté la maréchalerie en 2012 et s’est installé à son compte en 2014.
Au cours de son activité, il est régulièrement amené à prendre en charge les nouveaux chevaux de ses clients.

Ce n’est qu’après l’achat de l’équidé qu’il découvre à son tour le cheval dont il prendra soin toutes les six semaines.

Les pieds et membres sont d’une importance majeure concernant le devenir de la santé et du potentiel sportif. Pour autant, il est d’usage que les maréchaux ne fassent pas partie de la visite d’achat.

Quel impact cela peut-il avoir ? Alexandre nous partage sa vision sur la question

Les maréchaux, grands absents de la visite d'achat ?

« Selon moi, l’importance accordée aux pieds durant la visite d’achat dépend de l’intérêt que porte le vétérinaire sur le sujet. Je pense qu’il serait intéressant d’aller un peu plus loin que de simples radiographies », explique Alexandre Legrand.

« Voici une expérience récente à ce sujet : une propriétaire pour laquelle j’interviens depuis plusieurs années a souhaité faire l’acquisition d’un cheval issu d’un élevage situé en Normandie. Cette cavalière, se situant dans le nord de la France, n’a pas pu se faire accompagner par son vétérinaire référant et a donc effectué la visite d’achat par le vétérinaire en charge du suivi des chevaux dudit élevage. En dehors d’un test de flexion positif sur l’antérieur gauche,  le vétérinaire ne décèle aucune anomalie et donne donc son feu vert. C’est une affaire conclue pour ma cliente, qui décide donc de faire l’acquisition de la jument et la ramène dans le Nord.
Elle me demande d’intervenir dès que possible afin que je lui partage mon avis et procède au parage. C’est à ce moment-là que les choses se sont compliquées. En voyant sortir la jument du boxe, je suis immédiatement interpellé. Je demande à la propriétaire si elle était au courant pour le pied bot de sa jument. Hélas, ce n’était pas le cas. »

Entre sensibilisation, explications et scepticisme

« Je fais ici face à un problème. En tant que propriétaire, ma cliente n’est pas sensibilisée à la notion de pied bot. Malgré mes explications, je ressens son scepticisme. Je décide donc de prendre des clichés mesurés pour lui démontrer de ce que j’avance et améliorer la compréhension entre nous. Le constat est sans appel, il y a un angle de pince de 62,75°. Nous avons donc un pied bot de grade 2. Tout cela accompagné d’un angle de paroi interne de 86,42° et d’un angle de paroi externe de 109,95°. Je partage donc à la cliente les soucis qui vont être engendrés dans la gestion de sa jeune jument âgée de trois ans, destinée au CSO : un ferrage orthopédique doit être mis en place, plus coûteux et plus régulier que la normale. »

« Force est de constater qu’il n’est pas plaisant pour un acquéreur de démarrer la carrière d’un jeune cheval avec ce genre de complications. Grâce à Ekico, ce n’est plus seulement notre parole qui compte, mais également des mesures concrètes qui ne peuvent être contestées. Suite à cela, la cliente décide donc de faire machine arrière et de ramener la jument à l’élevage. Elle doit tout de même s’acquitter du coût de la visite d’achat du vétérinaire. »

Découvrez notre article sur le management du pied bot par Pierre-Henry Thebault, avec notamment l'usage du fer à Florentine

Au cœur d’un problème ?

« Nous mettons le doigt sur un problème : les visites vétérinaires sont bien souvent incomplètes. Nous pourrions augmenter significativement la pertinence de cette visite en unissant vétérinaires et maréchaux. Il n’est pas rare que je vois des chevaux fraîchement acquis, et lorsque j’explique aux propriétaires que leurs chevaux auraient besoin d’un ferrage plus ou moins spécifique suivant leur conformation, les propriétaires me rétorquent alors étonnés : « Ah bon ? Mais pourtant rien n’a été mentionné à la visite ? »

Partant de là, c’est la parole du maréchal-ferrant contre celle du vétérinaire. Cela n’est pas normal. Nous œuvrons ensemble pour le bien du cheval et devrions nous compléter plutôt que de nous affronter. Dans ce type de situation, les clichés Ekico viennent appuyer nos dires et nos craintes. La documentation des pieds peut parfois même révéler certaines problématiques que nous n’aurions pas détectées autant en amont. »

Recommandation sur la visite d’achat

« Pour conclure, je recommanderais donc aux acheteurs d’effectuer deux visites d’achat. Une avec un vétérinaire pour l’examen général du cheval, et une autre accompagnée du maréchal-ferrant pour l’examen locomoteur et orthopédique. Le scénario idéal étant que maréchal et vétérinaire puissent faire la visite d’achat ensemble. Si le cheval est loin et que le maréchal ne peut pas s’y rendre, l’acheteur pourrait s’équiper d’un dispositif de prise de mesure Ekico et envoyer les clichés à son maréchal. Cela éviterait sans doute bon nombre de mauvaises surprises… »

Suivi et analyse des pieds

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