Militaire et maréchal-ferrant

Militaire depuis quinze ans, le sergent Armand est aujourd’hui affecté à l’École Militaire d'Équitation de Fontainebleau en tant que maréchal-ferrant. Insatiable perfectionniste, il nous ouvre les portes de cette institution d’élite où le cheval a toutes ses lettres de noblesse.

L’appel de l’engagement

Le CAP en poche, c’est à dix-sept ans qu’Armand décide d’entamer pleinement sa vie professionnelle. Trop jeune pour prétendre à une installation à son propre compte dans le civil, le jeune maréchal est à l’époque en mal de cadre.

Motivé par la volonté de s’améliorer, trait de caractère qui n’a pas quitté le militaire, cela va l’inciter à franchir le seuil d’un CIRFA (Centre d’Information de Recrutement des Forces Armées).
Lors de son engagement, aucune place de maréchal-ferrant n’est disponible. Durant deux ans, Armand est donc militaire sur le terrain. Il est entrainé à participer à d’importantes opérations intérieures et extérieures.

Puis le destin en décidera autrement! Car le militaire se voit offrir la possibilité de renouer avec sa vie d’avant : l’opportunité de rejoindre la filière des sports équestres militaires s’ouvre à lui.

Militaire avant tout

Le constat est sans appel, c’est une chance de pouvoir associer métier et passion, comme en témoigne l’une des militaires servant à la section équestre de Fontainebleau : « Certaines personnes payent pour monter à cheval dans le civil. Dans notre cas, nous sommes payés pour monter et entraîner nos chevaux chaque jour. Je le considère comme une vraie chance tous les matins, en allant travailler ».

Cette chance doit cependant être contextualisée. S’il est vrai que Maîtres et Sous-Maîtres de manège sont cavaliers au quotidien, ils restent néanmoins en premier lieu des militaires de l’armée de Terre. À ce titre, les entraînements militaires purs font partie intégrante de leur début de formation et de leur parcours professionnel.

La formation des soldats est donc commune quelle que soit la spécialité visée :

  • La phase de test : vos capacités dans le métier visé sont évaluées. L’armée de Terre est composée de plus de quatre cents corps de métiers différents : expert-comptable, maréchal-ferrant, cavalier, programmeur informatique, etc. Votre métier appris dans le civil vient au service de l’Armée française.
  • La sélection : les candidats sont ensuite évalués physiquement, psychologiquement et médicalement.
  • La formation initiale : durant huit mois, les engagés sont formés au monde militaire (comportement, maniement des armes, situation de combat, etc.). Durant cette période, la spécialité ultérieure est mise entre parenthèse, vous êtes formés comme un soldat.
  • Affectation en régiment : c’est à ce moment-là que vous êtes affilié au corps de métier que vous souhaitez pratiquer lors de votre carrière militaire (maréchalerie, cuisinier, tireur d’élite, etc.) Certains niveaux et catégories d’études font exception à cette formation commune, notamment par exemple les vétérinaires.

L’École Militaire d’Équitation de Fontainebleau

Au sein de l’EME, pas moins de cent soixante chevaux sont présents pour la formation des soldats et la valorisation en compétition. L’institution de Fontainebleau accueille également une école d’équitation ouverte aux civils.

Quatre maréchaux sont chargés des soins des pieds et suivis des ferrures. Une clinique vétérinaire entièrement dédiée aux soins des chevaux est également sur site. Ces professionnels de la santé équine exercent quotidiennement sur place. Ils peuvent parfois être amenés à intervenir auprès d’autres unités équestres militaires en cas de besoin de renforts pour assurer des soins aux équidés. Les cavaliers militaires, quant à eux, s’occupent au quotidien des sorties et de la valorisation des chevaux qui leur sont confiés.

Des objectifs de résultats sont attendus : classements en compétitions et qualification des jeunes chevaux dans les cycles classiques. Tous les chevaux achetés pour l’Armée – généralement à trois ans – passent par l’EME et sont formés par les cavaliers militaires selon leur aptitudes (CCE, CSO ou dressage).

Quelques propriétaires civils confient en parallèle leurs chevaux à l’EME à des fins de valorisation.

Donatien Schauly et Ocarina du Chanois - Ellen Photography - francecomplet.fr

La participation aux épreuves de haut niveau est l’une des missions de l’école. De longue date, des militaires participent aux compétitions internationales et en particulier en Concours complet d’équitation. L’École Militaire d’Équitation est également régulièrement représentée en CSO et en dressage.

« Les résultats en compétitions ne sont pas un but en soi au sein de l’Armée », nous explique Armand. « Cela reste néanmoins une vitrine et une fierté de participer à la valorisation de la filière équine française. Les poulains achetés proviennent tous d’élevages français. Ils sont patiemment formés et valorisés par les Maîtres et Sous-Maîtres de manège et les éleveurs sont attentifs à leurs résultats. »

Armand a lui-même été le maréchal-ferrant d’Ocarina du Chanois, avec lequel l’Adjudant-chef Donatien Schauly a participé aux plus importantes compétitions internationales : championnats d’Europe, championnat du monde, Jeux olympiques, etc. Armand a accompagné le couple, veillant notamment au suivi orthopédique du hongre en association avec le vétérinaire référent durant les préparations de Granville, avant leur départ pour les JO !

À ce niveau de compétition, les professionnels entourant le couple de sportifs travaillent à un niveau de précision extrême ! Tout est pensé et calculé pour tenter d’amener le cheval au maximum de ses capacités et de ses performances le jour J (typologie de ferrure, de parage, nombre exact de jours entre chaque ferrage, etc.)

C’est à travers cette quête de la précision que nous sommes heureux de compter Armand, et plus largement l’ensemble des maréchaux de l’EME, parmi les utilisateurs de nos technologies de suivi du cheval.

Paroles de militaire maréchal-ferrant

Ekico : Armand, que diriez-vous aux jeunes qui hésitent à se lancer dans l’aventure militaire ?

Armand : « Je leur dirai que l’Armée est une très bonne école de vie. Ce cadre offre la possibilité et le temps pour se perfectionner, pour évoluer, pour apprendre. Si vous vous engagez sans diplôme, vous avez tout au long de votre carrière la possibilité de valider vos expériences acquises et d’obtenir des équivalences.

Il faut reconnaître que, par rapport au monde civil, nous ne sommes pas soumis aux mêmes contraintes de productivité et de rentabilité que peuvent ressentir certains professionnels du secteur. Vous accédez donc à une forme de sécurité de l’emploi et une sécurité financière en reconnaissance de votre engagement. Il ne faut cependant pas oublier, ou sous-estimer, que cet engagement est bien réel et va durer le temps du contrat pour lequel vous avez signé. »

Suivi et analyse des pieds

Retrouvez sur notre boutique en ligne tous les outils et technologies dédiés à l'orthopédie équine.
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