Boiteries, contre-performances, compensations… Les conséquences d’une ferrure mal ajustée peuvent entraîner d’importantes douleurs chez le cheval de sport. Comment reconnaître les signes d’une ferrure mal ajustée et quelles peuvent en être les conséquences ? Éléments de réponse dans cet article !
La répartition de la pression
Une pince qui ne pose plus au sol, des talons écrasés… Il est des signes qui ne trompent pas les professionnels spécialisés en orthopédie équine. Un appui postérieur écrasé met en évidence une mauvaise répartition de la charge, avec une pression importante sur l’arrière du pied.
Dans cet article, vous découvrirez le cas d’un cheval de sport présentant une boiterie de l’antérieur droit avec un gonflement au niveau de l’interphalangienne distale. Il présentait des douleurs visibles au niveau de la fourchette et de la pince, avec une mise en charge exagérée sur l’arrière du pied. Une pression importante était également répercutée sur le paturon, comme en attestent les clichés radiographiques réalisés.
Dans le cas de ce cheval, la priorité du vétérinaire, en association avec le maréchal-ferrant, a été de mieux répartir la pression sur l’ensemble du pied et d’apporter du confort, simplement en changeant la stratégie de ferrure.
Collaboration entre vétérinaire et maréchal
Apporter du confort, travailler sur l’angle palmaire, améliorer le centre de gravité pour augmenter la surface d’appui au sol ont été les objectifs recherchés pour venir en aide à ce cheval de sport.


Les ferrages ont été réalisés en association maréchal-ferrant/vétérinaire. Les deux clichés ci-dessus ont été pris à une ferrure d’intervalle. D’importantes améliorations ont alors été observées, encourageant à poursuivre la stratégie de gestion des pieds choisie.
La pression sur les talons a été diminuée et le centre de gravité rééquilibré. L’angle palmaire a également été correctement retravaillé, passant de -6,59 degrés lors de la prise en charge à 0,08 degré lors de la deuxième visite. La pression exercée sur le paturon (angle P1/P2) s’en est également trouvée améliorée, passant de 12,47 à 9,59 degrés, améliorant ainsi l’alignement des phalanges entre elles.
Un mauvais alignement des phalanges peut amener à une surcharge sur certaines structures du membre et du pied. Un meilleur agencement des os réduit ainsi le stress sur les articulations, les tendons et les ligaments.

La modification des angles et le changement de stratégie de ferrure ont apporté du confort au cheval. Celui-ci évolue maintenant beaucoup plus sur l’ensemble du pied dans sa locomotion.
Des améliorations sur l’état général de l’animal ont aussi été observées, avec une meilleure souplesse des muscles brachio-céphaliques, moins de pression dans l’encolure et sur les cervicales basses. Le cheval était complètement bloqué à main droite et ne parvenait plus à tourner. Les multiples visites de l’ostéopathe équin ne parvenaient pas à débloquer la situation.
Ce problème n’est plus rapporté par son cavalier depuis le changement de ferrure.
Stratégie de ferrure choisie
À la prise en charge de ce cheval, le vétérinaire a pu observer que l’appui du pied se faisait en deux temps au sol. Celui-ci ne parvenait pas à poser la pince. Il posait tout d’abord l’arrière du pied puis, très rapidement, en mettant le moins d’appui possible, la partie avant.
Cette démarche n’a fait qu’écraser encore et encore l’arrière du pied. Les sollicitations sur le naviculaire ont très probablement été également excessives, d’après le praticien. Sur le fléchisseur profond, un gonflement de la gaine a d’ailleurs été observé, confirmant un stress anormal sur les tissus. Une sensibilité du TFPD était détectable à la palpation. Cette douleur a diminué avec la nouvelle ferrure.
De l’extérieur, le pied ne semblait pas si mal géré visuellement d’après le vétérinaire. Mais les radiographies et le comportement général du cheval montraient que les choses n’allaient pas, malgré la succession de prises en charge de différents professionnels : ostéopathes équins, maréchaux-ferrants, vétérinaires équins.
Les praticiens se sont, dans un premier temps, concentrés sur l’interphalangienne distale, injectant cette articulation à plusieurs reprises sans amélioration durable du cheval. Les rechutes étaient observées seulement une quinzaine de jours après les interventions.
L’équipe actuelle, vétérinaire et maréchal-ferrant, a eu pour objectif de mieux répartir la pression sur l’ensemble du pied en recherchant le maximum de confort. Le recours à une plaque en silicone sur la partie postérieure du pied a été choisi. L’avant du pied, quant à lui, reste sans silicone. Les branches des fers ont également été rallongées et le fer reculé. La nouvelle ferrure comporte toujours deux pinçons comme précédemment, mais la taille du fer a aussi été augmentée.
Sur les six premières semaines, le cheval a beaucoup évolué de manière positive. Autant cliniquement, que dans son comportement général et sous la selle, seulement par le changement de ferrure et sans recours à des injections.
Globalement, le cheval semble à l’aise dans ses antérieurs et a une locomotion beaucoup plus déliée. Le garrot est soulagé et le cheval ne présente plus de douleurs à l’estomac, très probablement liées à l’anxiété engendrée par ses douleurs de pied, d’après son vétérinaire.
Selle-français et maréchalerie
Ferrage court, ferrure qui écrase… Un mauvais ajustement du fer peut avoir des conséquences néfastes sur la performance et la santé des chevaux. Le manque d’ouverture du fer peut encourager la rétractation des glômes ou la rétractation de la fourchette sur la partie arrière, d’après le vétérinaire chargé du suivi présenté dans cet article. Le Selle-Français serait particulièrement sujet à ce type de problématique, rendant sa gestion moins aisée.


Le juste équilibre entre soutien, protection pour ne pas rétracter l’arrière du pied et réalités du terrain, comme par exemple limiter le risque de déferrage en raccourcissant les branches des fers, est un challenge quotidien pour les maréchaux de chevaux de selle.
La qualité des pieds propre à chaque cheval, l’environnement dans lequel il évolue et son mode de vie sont des éléments tout aussi importants que la question de la ferrure en elle-même. La collaboration entre tous les acteurs évoluant autour d’un même cheval est primordiale pour atteindre des niveaux de performance sportive et de bien-être élevé.