Aux côtés d’Elian Matéo, maréchal-ferrant

Aujourd’hui, nous enfilons les chaussures de protection d’Elian Matéo, maréchal-ferrant de son état, pour en connaître davantage sur le quotidien de ces professionnels.

Un point de vue personnel qu’il nous partage avec humilité, pour répondre à nos interrogations… Un maréchal, ça ne sert qu’à poser un fer ? Eh bien, pas vraiment !

Au sein d’Ekico, notre mission est d’accompagner les professionnels en charge du suivi de la locomotion du cheval. Dès lors, nous proposons des solutions utiles à leur expertise respective (vétérinaires et maréchaux) afin de gagner en précision, en protection, et faciliter la communication entre professionnels et propriétaires.

Maréchal-ferrant exerçant dans le sud-est de la France, Élian Matéo a accepté de nous livrer ses expériences personnelles sur son quotidien. La gestion des différents types de pieds peut être à la fois simple et complexe, plusieurs facteurs sont à prendre en compte.

Analysons, côté cheval

1 – Analyse de tout le membre

Un ensemble d’information doit être récolté pour adapter au mieux son travail à court, moyen et long termes. L’observation se fait en statique et en dynamique, si possible sur plusieurs types de sols.

Plusieurs question se posent alors :

  • Le cheval est-il régulier /irréguliers ou boiteux ? Si oui, quels sont les membres concernées ?
  • A-t-il une dissymétrie importante ?
  • A-t-il un défaut d’aplomb majeur ? Pourrait-il compliquer le travail d’une quelconque manière ?

2 – L’historique du cheval

« Après avoir fait un peu le tour du cheval, je pense qu’il est très important de discuter avec le propriétaire. Notamment lorsqu’un défaut d’aplomb majeur ou une dissymétrie importante est visible« , détaille Élian Matéo.

  • Ce cheval a-t-il eu des antécédents avec arrêt ou immobilisation prolongée ?
  • Si oui, lesquels ? (tendinite, entorse, arthrose, problème de maréchalerie , etc.)

3 – L’âge du cheval

« Un travail plus contraignant à court terme mais plus efficace ensuite pourra être effectué sur un jeune cheval qui travaille peu ou pas, idéalement au plus tôt si c’est un défaut majeur lors de la croissance d’un poulain« , reprend Élian Matéo. « Sur un cheval déjà âgé, avec un travail quotidien modérée ou intensif, je privilégie un travail très progressif, ferrure après ferrure.« 

4 – Environnement et utilisation du cheval

Les conditions de vie du cheval doivent être intégrées à la réflexion :

  • Vit-il au boxe/pré, dans des zones d’humidité/de sécheresse ?

  • Quelle est l’intensité de son travail : une balade une fois par mois / ou un travail intensif quotidien ?
  • Dans quelle discipline évolue-t-il ?

5 – Le parage

« Pour ce point, je tiens à préciser qu’il s’agit de mon opinion personnelle. Chaque maréchal pourra avoir son avis selon sa propre expérience« , poursuit Elian. « Pour ma part, je pense qu’il faut avant tout prendre le temps d’analyser correctement chaque pied afin de se fixer un objectif sur le long terme. Ces réflexions en amont permettent de juger quelles actions nous semblent les plus adaptées. En fonction, puis-je me permettre d’être plus ou moins « agressif » ? La mécanique de ce cheval est-elle respectée ? Ma préoccupation est de veiller à ne pas le rendre inconfortable. Mon rôle est d’analyser, de comprendre, d’identifier les surcharges et les contraintes ».

Exemple du pied encastelé : « Face à un pied type pied droit/encastelé, mon but premier, selon le contexte, est de redonner un appui à la fourchette qui est souvent abîmée car non sollicité sur ce type de pied. Pour cela, je joue sur l’ouverture de talon et sur la descente de la hauteur de talon. Je m’occupe ensuite du pariétal.

Pour ma part, j’essaie en priorité de diminuer les déformations souvent visibles par des lignes de stress. Je retire toutes les parties fragiles ou cassantes de ma boîte cornée, tout en essayant de préserver un pied rond et harmonieux. »

6 – Le cas du poulain

« Il est important de suivre les poulain dès leurs naissance pour anticiper la formation de défauts de conformation, notamment programmer une surveillance accrue lors des grosses poussées de croissance. Les poulains qui grandissent trop vite peuvent rencontrer des problématiques dues au système tendineux qui ne suit pas, par exemple. Dans ce type de situation, il faut agir vite. La génétique peut avoir un rôle important mais plusieurs facteurs peuvent entrer en jeu. Ma mission est d’anticiper autant que possible l’apparition de défauts en adaptant mon parage. »

« Je peux également être amené à préconiser des modifications de l’environnement du poulain pour éviter les maux de pieds, en conseillant les terrains les plus souples possibles, par exemple. Mettre idéalement à disposition une mangeoire à la bonne hauteur, et non au sol. Le but est de limiter une position statique répétée avec appui sur le même membre qui, dans l’extrême, peut également participer à l’apparition d’une dissymétrie importante ».

Analysons, côté propriétaire

Le budget

« Il faut en parler ! Évidemment, selon les situations, différents types de ferrure peuvent être utilisés. Que se soit des fers en acier, de l’alu, du plastique ou autre, pour chaque type de pathologies, il existe de nombreux modèles de fers plus ou moins efficaces. Chaque maréchal a ses préférences. On peut également utiliser des plaques, des silicones, des résines ou de la colle. Je pense qu’il est important de fixer une base de tarif pour que les clients ne soient pas surpris lors de la réception de la facture. Ne pas hésiter à échanger avec les clients pour leur expliquer les bénéfices pour leur cheval : plus de rapidité sur l’évolution des pieds, plus de confort, ou même les deux selon les différents choix de ferrures. »

Analysons, côté maréchal-ferrant

Le choix de la ferrure

Elle est faite en fonction des besoins pour le cheval et du budget fixé par le client. « Je pense que chacun a son ressenti sur la ferrure idéale dans les différentes situations que nous pouvons rencontrer. Personnellement, j’essaie de privilégier le confort et de répartir au maximum les charges sur l’ensemble du pied. Sur tout type de pied, je préfère idéalement une ferrure sans pinçons, si possible, et placée au bon endroit avec la taille adéquate. Exit les pieds trop serrés ! Je veille également à préparer une garniture homogène sur la totalité du pied, dans le but d’avoir des pieds qui restent forts, de ferrure en ferrure.« 

La collaboration entre les différents corps de métier

« Il est idéal de pouvoir travailler en collaboration avec des vétérinaires qui peuvent nous apporter des supports différents (radiographie, échographie, etc.) afin d’adapter au mieux notre ferrure. Les ostéopathes peuvent également avoir un ressenti différent et nous apporter des détails concernant un souci récurrent (blocage régulier d’un membre, douleur musculaire, etc.) Le but est de travailler en équipe, d’échanger pour anticiper les problèmes sur la durée, et révéler les détails invisibles à l’œil nu. »

Suivi et analyse des pieds

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Nouveau

Le suivi numérique des pieds

« C’est pour moi un outil parfait. Il permet de me rendre compte de l’avancée (ou non) à court/moyen/long terme de l’évolution de l’ensemble de la boîte cornée. Et de pouvoir changer de type de ferrure si besoin. Cela me permet d’augmenter mon niveau d’analyse et ma remise en question personnelle.

Le suivi valorise aussi mon travail auprès du client ou du vétérinaire, avec la possibilité d’avoir un échange constructif autour de mêmes valeurs. »

Le mot de la fin

Alors, un maréchal, ça pose juste des fers, non ? Evidemment, non. « C’est ce qui fait de notre métier un métier de passion. Chaque jour, chaque ferrure, chaque parage est différent. Un maréchal analyse, se remet énormément en question, s’adapte. Il est important de préciser que nous sommes ni devin, ni magicien. Tout ceci est un avis personnel, tiré de ma petite et jeune expérience. J’apprends et m’améliore chaque jour un peu plus.

Pour résumer : Certains problèmes sont à prendre dès le plus jeune âge et/ou le plus rapidement après une blessure ou immobilisation. La recherche du confort est pour moi primordiale, à partir du moment où le cheval commence son activité sportive. Chaque cheval est différent, chaque cheval réagira donc différemment. Cependant, les outils disponibles aujourd’hui, que ce soit des fers, des artifices (plaques, silicones, etc.) ou le suivi numérique, nous permettent de nous adapter au mieux à chaque situation.

Mon rôle en tant que maréchal est de contribuer, au mieux, à entretenir une locomotion correcte sur le long terme. Pas de pieds, pas de cheval ! »

Coordonnées

Elian Matéo Maréchalerie

Page Facebook d’Elian Matéo

06 24 48 39 97

elian.marechal13@gmail.com

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